Jean-François Lyotard • La phénoménologie
«C’est contre le psychologisme, contre le pragmatisme, contre une étape de la pensée occidentale que la phénoménologie a réfléchi, s’est accotée, a combattu. Elle a été d’abord et demeure une méditation sur la connaissance, une connaissance de la connaissance ; et sa célèbre “mise entre parenthèses” consiste d’abord à congédier une culture, une histoire, à reprendre tout savoir en remontant à un non-savoir radical. […] Mais pour accomplir cette opération, il faut sortir de la science même et plonger dans ce dans quoi elle plonge “innocemment”. C’est par volonté rationaliste que Husserl s’engage dans l’antérationnel. Toutefois une inflexion insensible peut faire de cet antérationnel un antirationnel, et de la phénoméno-logie le bastion de l’irrationalisme. De Husserl à Heidegger, il y a bien héritage, mais il y a aussi mutation. Notre exposé ne cherchera pas à effacer cette équivoque, qui est inscrite dans l’histoire même de l’école phénoménologique.»
« Faut-il souligner l'importance de la phénoménologie ? Elle est une étape de la pensée européenne... Il y a des accentuations différentes, de Heidegger à Fink, de Merleau-Ponty à Ricoeur, de Pos ou Thevenaz à Levinas, qui justifient la prudence... Mais il reste un style phénoménologique commun, c'est ce style surtout que nous chercherons à cerner, après avoir rendu à Husserl ce qui lui revient : avoir commencé. » (J.-F. Lyotard)
Presses Universitaires de France - PUF, Paperback, francais, 133 pages