Arnaud Beaujeu • Samuel Beckett: trivial et spirituel
Le langage dans les pièces theatrales, radiophoniques et télévisuelles
Quoi dire, mal dire, ouïr, mal entendre, en-deçà du langage, à l’écoute d’un manque, mèr(e) morte ou « souffle-esprit » ? Dans et hors de la langue, triviale ou spirituelle, aimée ou haïe, anglaise ou française, exil ou patrie... Le travail de Beckett, dans ses pièces théâtrales, télévisuelles et radiophoniques, est le travail d’un poète sur la matière des mots, dénudés de leurs sens par trop utilisés, travail musical et rythmique, d’une exigence qui dépasse la frontière des langues dans leur labilité. Le théâtre beckettien donne à écouter une présence (peut-être celle du « mot perdu »), la présence d’une absence qui n’en finirait plus… Ainsi le néologisme de « spirivial » – qui provient (tout comme son dérivé, la « spirivialité ») de la jonction (ou bien encore du va-et-vient) entre le mot « trivial » et le mot « spirituel » – permet-il de désigner le passage ou bien encore l’anamorphose au cœur du processus de destruction-reconstruction, propre au langage beckettien. Il peut s’agir, par extension, du « lieu-non-lieu » de la Question ou du mystère qui palpite au centre d’un mouvement paradoxal-spiroïdal, involutif-évolutif, à la fois creuset et matrice de la « matière-idée ».
Rodopi, Collection Monograpique Rodopi -Vol. 52, Paperback, francais, 194 pages